C’est encore avec de l’émotion que je vous écris ce jour.
L’Ironman de Nice commence pour moi il y a un an, en même temps que la construction de notre maison. Au départ, 2013 devait être une année sans Ironman pour finir la construction du cocon familiale. Voyant que mes collègues étaient décidés, j’ai décidé d’accélérer la manœuvre pour emménager au 15 décembre. Je ne peux pas ‘’ souler ’’ tout le monde avec ce genre de triathlon et ne pas être présent à leur côté.
Christophe, Thierry, Nico, Jacques, Cédric et moi-même sommes partis dans l’aventure. Comme je le dis souvent ce genre d’épreuve ne démarre pas le jour de la course mais 6 mois avant. Certains sont passés par la pyrénéa pour trouver un sens aux entrainements hivernaux.
Les conditions climatiques ont rendus cette préparation très difficile. La plus dure depuis que j’ai commencé le triathlon. Avec Thierry, Nico et Christophe, nous avons fait des sorties vélo sous la pluie, le vent et par 3°. Nous avons nagé au lacs le samedi par un temps de fortes pluies. Les réveils en week end n’ont pas été toujours faciles. Nous serions bien restés au chaud avec la famille ou devant un bon match. Merci à ceux qui nous ont accompagnés durant quelques sorties permettant d’entretenir la motivation. Un grand bravo à nos petites femmes et aux enfants car les absences ne sont pas toujours simples.
Jeudi, J-3, je prends le départ en famille pour une station balnéaire à côté de Nice où nous retrouvons mes parents. Ils accompagnent leur grand enfant et ça me fait du bien à la tête dans les moments délicats. Je ne ressens pas la pression, j’ai plutôt l’impression d’être en vacance. Nous nous faisons une journée plage en famille. Le cadre est très sympa est la température estivale.
Vendredi, J-2, farniente, construction de châteaux de sable au soleil loin de la course mais avec mon bidon de malto. Vers 20H00, j’arrive sur Nice avec Aline et nous rejoignons Chris, Nico et Thierry. Je vois Chris affuté comme une lame. Je me dis que j’ai bien un kilo en trop. La pression monte, des types plus affutés les uns que les autres inondent les rues de Nice. Nous allons au restaurant avec les collègues et nos petites femmes. Quelques huitres pour certains, des pâtes et une coupe de champagne pour recharger les batteries. La fête de la musique nous donne plus envie de faire la bringue mais l’Ironman est déjà là.
Samedi, J-1 je vais retirer mon dossard. C’est un moment fabuleux, nous faisons le tour du village et je reçois mon paquetage. Je prépare ma monture prêtée par mon pote Steph, remplis mes sacs et profite de l’absence d’Aline pour dormir une heure. A son retour nous partons en ville déposer le vélo. Je suis calme mais les visages se ferment en regardant la ligne d’horizon de la mer. Le couché se fera difficilement pour moi, tous les voyant sont au vert mais nous dormons avec la petite dans le lit qui préfère jouer. Elle me gratte le dos en riant.
Dimanche, D DAY, 4H, je me réveil avant la sonnerie, je me demande comment je vais pouvoir nager 3,8km. Ça me fait peur. J’attaque de bonnes tartines de Nutella car le prochain repas sera tardif. Nous réveillons la petite et partons avec Chris et Nelly vers le départ. Nous retrouvons Nico, Christelle et Valérie. Je ne verrai pas Thierry avant le départ. Dernier coup de stress, je m’aperçois que je n’ai pas pris ma gourde d’eau pour le vélo. Chris m’en donne une. En voyant la mer mes appréhensions disparaissent.
Le speaker est en forme, nous nous dirigeons vers le départ natation. Je ne vois pas mes collègues car j’ai fait une pause technique. L’émotion est présente. J’y suis après 6 mois de labeur. Je me positionne dans le couloir des 1H02. Je me dis que l’aspiration ne me fera pas de mal. Les pro partent et nous suivons. C’est une marée humaine, les bras tournent mais je doute de l’efficacité. Je reçois des coups, remets mes lunettes et je repars. Je double, je ne vois pas les bouées mais j’arrive à allonger les bras. L’eau est bonne et claire, les sensations sont au rendez-vous. Je pense à Romain qui a fait un gros job avec moi toute l’année, je relance lorsque je vois un nageur à mon niveau. Les canoës nous poussent vers la bonne direction car nous avons largement dérivés. Le premier tour se termine, j’entends la sono et je vois mon chrono en 49 min comme l’an dernier. Je suis un peu déçu mais il reste 2,4 km. Je repars de bon train et je relance la machine. Je sors de l’eau en 1H16 en grappillant 2 min, je suis content et continu mon effort. La course comme pour moi.
J’enfourche le giant de steph, la promenade des anglais défile à plus de 40 km/h, le cardio se stabilise à 73%, c’est parti. Je retrouve Nico au km 10. Nous discutons, je l’encourage et je repars en voyant que le rythme et bon sans gaspiller de l’énergie. La première difficulté arrive, la condamine, une bosse de 800 m à 10%. Les vélos grincent et les bonhommes aussi. Je continu, j’imagine que Thierry et Chris sont devant.
Dans une descente, un coureur et au sol, il ne bouche pas, un spectateur fait le balisage. Je progresse dans ma course en redoublant de prudence.
Au km 60, je vois ma petite femme et ma petite fille qui m’encourage, elle me redonne du baume au cœur. Certains panneaux indiquant le nombre de kilomètre restant ont tendance à me démoraliser. J’aperçois immédiatement Christ et le CRI DU SPIRITATOR a retenti. Nous avons roulé quelques minutes ensemble profitant des paysages somptueux.
Je gère la suite du vélo à 75% sur les parties plates et 80% dans les bosses. Je profite des moments plats pour lancer le vélo à grande vitesse. Je boucle la discipline en 5H28 soit 11 min de moins que l’année passée et j’ai l’impression de moins avoir donné.
Je réalise une belle transition avec un bisou à la famille. Je déroule les jambes et je regarde le temps de course pour connaître mon avance sur Chris car nous voyons l’arrivée des vélos lors du parcours à pieds. Je vois un coureur d’Annonay, un club où j’ai quelques connaissances. C’est un club proche de Vienne. Il m’annonce son souhait de courir en 3H30, je lui demande s’il veut bien me servir de métronome avec sa montre. Nous nous callons à 12km/h, mon cardio et à 72%, je fais le premier tour en footing en discutant avec mon compagnon. Je lui donne quelques conseils pour la gestion car c’est son premier Iron. Je pars seul dans le retour du second tour car il montre quelques signes de fatigue et je lui conseil de lâcher pour aller plus loin. La course commence, je suis seul et maintenant il faut se taper dedans. J’attaque le troisième tour en forçant u peu sur le cardio, je monte à 75%. Le moral est toujours au plus bas dans ce tour, je me dis qu’après celui-ci c’est le dernier. Les supporter du club nous encouragent, ça fait du bien. Christ est en forme, il faibli un peu mais il court. Thierry est souriant. Jacques est aux anges, il fait une course exceptionnelle, je pense qu’il a fait un gros vélo car il le pose derrière Chris. Nico à l’air serein, je passe même le terre-plein pour lui taper dans la main.
Dernier tour, je commence et je sais que je dois lâcher les chevaux. C’est à ce moment que le speaker annonce une minute de silence pour un coureur mort sur la partie vélo, les larmes me montent, je me demande l’intérêt de continuer. J’imagine Aline et la petite au bord du circuit s’il m’était arrivé la même chose. Je me demande pourquoi je continue et je réalise que c’était le coureur que j’ai vu. Mais rapidement je reprends le dessus. La course continue et le meilleur moyen de rendre hommage à ce coureur et d’envoyer du steak. Le cardio monte à 80%, mes membres me font mal, je double des dizaines de personnes, des concurrents continuent à arriver en vélo. Au demi-tour des sans-logis me proposent du BORDEAUX ZERO, très marrant mais je décline. Je rentre à la maison, j’accélère, je vois la pancarte 40km, je suis à 13 km/h, je ne prends plus rien aux ravitos et fonce vers la ligne d’arrivée. Je vois Nico devant moi, je cours et l’encourage car il lui reste deux tours. Je m’envole vers le couloir de finisher en faisant de grand bon et en criant I’AN AN IRONMAN.
Je vois la ligne, je m’arrête, cherche ma famille, Aline me tend Candice, j’embrasse ma petite femme et nous partons avec Candice vers la ligne d’arrivée. La petite est émerveillée, la foule nous aclame. Les concurrents passent mais je ne fais plus parti de ce monde. La petite avance, le speaker nous interview et nous gagnons la ligne en 10H29.
Je suis satisfait, j’ai partagé un bon moment avec mes potes, ma famille, leur famille. Mon exploit personnel est une chose mais le partager rend l’émulation plus grande. Les messages sur mon portable des gens du BAT et de mon ancien club me réjouissent.
Nous avons refait la course devant une belle entrecôte de 500g le soir, et nous allons encore recommencé. Je suis fier des BATEUX.
Merci à ma famille et à nos supporters.
Ce jour, je me suis inscrit à l’Ironman de Francfort le 8 juillet 2014. Romain fera partie de l’aventure.
Maintenant, place au repos et je relancerai la machine la semaine prochaine pour du sport plaisir et plus sérieusement après pour l’ultra trail des templiers.
SPIRITATOR
