Sujet : Récit Ironman Hawaii 8/10/2016
Never again till next time...
Récit de mon voyage et de ma course aux Championnats du Monde Ironman le 8/10/2016
Nous sommes partis à six de la famille pour 10 jours sur l'île de Big Island à HAWAII .Cette qualification au championnat du monde Ironman je l'ai toujours vu comme une histoire de famille et pas que comme une aventure personnelle et sportive.
Nous avions loué un "condo" ,c'est une villa très confortable dans une résidence avec tout le confort ,piscine , salle de sport ,cuisine équipée ,terrasse ,climatisation, et même une baignoire à bains bouillonnants.
Nous étions sur Alii drive, en bord de mer ,tout près du Pier au départ de l'Ironman ......le paradis .
HAWAII est l'archipel le plus isolé du monde : il est au beau milieu de l'océan Pacifique à 3850 km de la Californie est à 6195 km du Japon.
J'avais donné carte blanche à Marine pour l'organisation des visites touristiques. Mon training étant déjà calé et prévu.
Arrivée de nuit après 23 heures de vol Toulouse -Francfort -Los Angeles -Kona .Nous sommes fatigués . Je suis un peu anxieuse de ne pas récupérer mon vélo .Finalement tous les bagages seront là ainsi que le vélo. C'est un gros soulagement ! Nous avions pré-loué un énorme 4X4 que nous prenons à l'aéroport tous impressionnés tout de même par la taille du véhicule. Direction Kailua-Kona À 13 km.
Le lendemain matin course prévu de 5 km pour Éric Florent Marine et moi sur Alii drive : c'est une partie du parcours du marathon il est sept heures du matin il fait déjà très chaud ...... .Florent et Marine font podium tous les deux dans leur catégorie d'âge. Nous prenons des photos inoubliables en bord de mer près du ravito 5 étoiles .Ça y est nous sommes dans l'ambiance et dans "the place to be" pour tout triathlete passionné .
Le lendemain direction la baie de Cook lieu privilégié le matin pour nager avec les dauphins, un de mes rêves. En 1778 le capitaine Cook découvre Hawaii en débarquant à Big Island dans la baie de Kealakekua : c'est une baie sublime et un paradis marin .Des montagnes aiguisées dominent une mer turquoise ampli de Corail et de bancs de poissons multicolores ....mais zéro dauphin pour nous. Cependant nous prenons un petit déjeuner traditionnel sur les hauteurs :pour moi c'est papaye chaude saupoudrée de noix de coco avec des œufs au plat : un délice! Pour ne pas repartir bredouille Marine nous propose de nous rendre dans une autre baie historique proche où on peut voir des tortues marines : Pu'uhonua O Honaunau national historical park. C'est une ancienne ville protégée et fortifiée, là nous observons de nombreuses tortues marines dont une de 2 m pour Éric ! c'est magique et un très fort moment pour chacun d'entre nous. Marine et Florent s'éclatent avec la GO-PRO .Il y a aussi des sculptures en bois de type maori.
Le lendemain visite du volcan le plus actif de la planète : le Kilauea. Avant la visite du volcan, natation au pier avec à 500 m du bord, un bateau sur lequel nous pouvons boire des cafés Starbuck et de la nutrition Cliff...... À Kona toutes les marques sont aux petits soins pour les triathlètes qualifiés et les accompagnants.Distribution de bonnets de bain Roka pour tous ceux qui nagent!Les sensations dans l'eau sont très bonnes .J'essaye une nouvelle fois la swimfast que Marie Ferbos m'a prêté .
Les écoulements de lave sont permanents sur le Kilauea, il y a un panache de fumée en bord de mer qui montre l'endroit précis où se jette la lave.( une marche de quatre heures est nécessaire pour s'y rendre )Nous observons le cratère Halemaumau et la caldeira.Ce cratère ne crache pas de lave mais il émet des gaz et des fumées . C'est très impressionnant. Nous marchons aussi dans des champs de lave "devastation trail" et traversons une ancien tunnel de lave.C'est fantastique.
Nous rentrons sur Kailua-Kona pour le défilé des nations. Je retrouve tous les français dont mes amies Nelly et Cathy. Le pro Cyril Viennot défile avec nous. C'est un moment très sympa la délégation la plus importante est bien-sûr la délégation américaine:un tiers du plateau ensuite viennent l'Australie et l'Allemagne. Nous sommes 2300 concurrents. C'est les jeunes de l'armée américaine qui ouvre le défilé et ensuite viennent les légendes Paula Newby Fraser, Mark Allen ,Dave Scott..... mes yeux pétillent. Eric se fait photographier avec Frederic Van Lierde.
Le lendemain je retire mon dossard. .L'organisation est parfaite et très bien huilée j'ai le dossard 552 et plein de cadeaux .On me met au poignet un bracelet jaune fluo sur lequel est écrit "KONA ATHLÈTE "quelle fierté !
Les pros ont eux,un bracelet orange fluo. Désormais ce sera notre signe de reconnaissance dès qu'une personne passe à côté tout le monde regarde son poignet :accompagnateur ?coureur ? ou pro? À mon niveau je trouve que tout le monde s'entraîne beaucoup : du coup je regarde leurs poignets pour voir si ce sont des qualifiés .Mon entraînement final est la recherche de la fraîcheur maximale pour La course :donc une dernière semaine très light .je ne vois pas trop l'intérêt d'aller courir dans Energy Lab, comme son nom l'indique c'est un véritable "four" ,ni de faire des aller-retour sur Alii drive .....
D'autre part venir aussi loin dans un endroit paradisiaque pour rester enfermé et m'entraîner n'est pas trop compatible avec mon caractère. Donc j'en profite un max sans me fatiguer .
Le lendemain pour moi c'est reconnaissance d'une partie du parcours vélo tandis que les autres vont à Kahaluu beach .Je roule sur Queen K pour la première fois. Je suis euphorique. Et heureuse.Le parcours vélo consiste à 182 km avec 1700 m de dénivelé +: c'est une succession de toboggans avec parfois des côtes ,mais le plus dur c'est le vent ........ Toutefois lors de ma reconnaissance je ne serai pas confrontée à un vent violent ..... je roule à 30 ,35 km/H . Les sensations sont très bonnes.Je suis confiante.J'ai fait évoluer un peu ma position aero avec Christophe d'Intersport Idron.
L'après-midi est consacrée à du paddle dans la baie de Kailua- Kona pour voir des dauphins :Marine et Florent réussirons à en voir. J'assiste à la conférence de presse des pros pour peut-être glaner quelques « tips » .L'ambiance est très tendue entre eux notamment chez les filles. Cela me permet toutefois de voir toutes les stars de près . Elles sont toutes hyper hyper affûtées c'est impressionnant ! Frodeno est une immense tige sans muscle.... Daniela Ryf a un corps sculpté.
Le lendemain dernier jour d'excursion pour moi ,nous sommes à J -2 :nous décidons de monter au sommet du Mauna Kea 4200 m d'altitude pour le coucher du soleil. Un 4X4 est obligatoire . Les 10 derniers kilomètres étant une piste raide.
Le Mauna Kea est le lieu le plus clair de la planète pour l'observation des astres .C'est aussi le plus important observatoire d'astronomie du monde : il regroupe 13 télescopes ultra perfectionnés , la qualité de l'atmosphère est exceptionnelle l'air est très sec,sans pollution , ni nuages ou humidité.
Le spectacle sublime du coucher du soleil sur le Mauna Kea sera à jamais graver dans ma mémoire.
Veille de course :
Je dois déposer mon vélo et mes deux poches Swim and bike entre midi et 14h30.
Je pars donc en vélo avec mes poches vers le pier. Sur Alii drive il n'y a que des triathlètes nous avons tous la même destination : le parc à vélo sur le pier de KONA . Je suis très émue je fais la queue pour entrer dans le parc à vélo . Tout m'impressionne. Les stars sont présentées au micro du célèbre Mike Reilley, la voix de « you're an ironman » .L'ambiance est très chaleureuse. Tout le monde sourit. Tout le monde est heureux. Le parc n'est pas si grand que ça mais à la sortie de l'eau et à la fin du vélo il faut en faire tout le tour. Il fait une chaleur accablante .
Les bénévoles sont aux petits soins pour notre installation "good luck for tomorrow !"
Je croise même Romain Guillaume qui est là pour son papa qui me souhaite bonne chance .
L'après-midi repos sur le lit les jambes en l'air en regardant du football américain à la TV. Je fais ma course dans ma tête .
Jour de course :
Réveil à 4h. Je suis dans la course.Concentrée et déterminée. Éric et papa m'accompagnent jusqu'au parc en voiture où je dois encore me faire tatouer et gonfler mes boyaux. Dans le parc l'ambiance est sereine. Tout est très bien organisé.Chacun est concentré sur sa tâche. On se fait tous tatouer.
Départ des pros hommes la musique des tam-tam met l'ambiance. Bourdonnement de l'hélicoptère .
Cinq minutes plus tard, départ des pro femme.
Les groupes d'âge homme rentrent dans l'eau. Les places sont chères sur la première ligne de départ entre les deux bouées ROKA.
Je commence à enfiler ma swimfast car il me faut bien une demi-heure pour la faire glisser petit à petit .
Les groupe d'âge femmes peuvent rentrer dans l'eau après le départ des hommes : j'ai décidé de me placer en première ligne pour pouvoir bien naviguer de bouée en bouée et sur la droite du paquet car il y a un petit courant sur la gauche dixit Cathy qui part pour son 5eme HAWAII. Isabelle Ferrer est à côté de moi.
Les tam-tam raisonnent de nouveau , L' hélicoptère bourdonne, au loin le clocher de l'église de KONA plante ce décor paradisiaque., c'est un peu la bagarre pour garder sa place en première ligne.La tension est terrible. Mais en même temps j'ai un sentiment de plénitude.... j'ai mérité ma place ici. Je me suis battue pour être ici. Je suis une privilégiée je ne laisserai ma place à personne. BOUM ! Un vrai Canon donne le départ.
Le début de la natation est assez chaotique tout le monde essaye de faire sa place .Nous ne sommes que un peleton de femmes mais ça n'empêche pas les coups... très vite je me retrouve dans un petit groupe de quatre . Toutes ont des swimfast ROKA noires je les suis facilement.
Arrivé au 1/2 tour ,1900 m parcourus.Nous rattrapons les derniers hommes, petite bagarre pour passer la bouée. Il y énormément de clapot sans doute dû au vent.
Le retour est plus difficile à cause du clapot important ,mais ma navigation est bonne. Je passe toutes les bouées très près. Je regarde tous les 10 coups de bras mon cap ,comme conseillé par Romain.Sur la fin de la natation mes bras sont lourds 3,8 km de natation sans la combinaison c'est long ! Le souffle est bon. Lorsque je vois apparaître le pier je me prépare mentalement à la transition.
Sortie de l'eau : 1H14' (1'50 »/100m). Temps correct. Je passe sous les jets d'eau douce. Attrappe ma poche "swim", me dirige sous la tente obligatoire pour mettre mon "wings" Kiwami (gilet manches longues.)
Je fais tout le tour du parc à vélo ,retrouve mon vélo et mon casque.
Des le départ à vélo il y a une côte. Là J'entends ma famille "allez Marianne!"
Tout le monde est là :Marine Florent Éric papa et Léo. il y a une ambiance de fou le long de la route dans KONA. Un peu plus loin ,je croise Hélène et Virginie de KIWAMI qui m'encouragent aussi. Avant de partir sur l'aller-retour sur la highway Queen K, Il y a une boucle de 30 km vallonnée. Il n'y a pas de vent l'allure est bonne mon compteur indique 30 km/h et au-dessus. J'ai un super mental motivée comme jamais. Je bois mon premier bidon d'eau.
J'arrive sur Queen K. Là, je sens la présence du vent tout de suite. J'appuie fort sur les pédales et je suis à 28 km /heure. je ne m'affole pas . Au même endroit trois jours avant j'étais à 35 ! Sans doute l'horaire différent... mais je suis une battante je me dis que si à l'aller j'ai le vent de face ,au retour je l'aurais dans le dos. Donc je m'adapte, je prends une position aéro plus couchée .Le vent est assez tourbillonnant :parfois à gauche parfois à droite mais jamais dans le dos .Je me fais doubler .Je me pose des questions ;comment faire ?comment lutter contre ce vent ? Comment font les autres ? Certaines se mettent en danseuse je sais que ce n'est pas la bonne solution. Donc il faut appuyer plus fort . À chaque ravitaillement je prends deux bouteilles d'eau et une bouteille de Gatorade orange. A Hawaii il n'y a pas de bidon vélo .Je remplis mon bidon perso avec la bouteille d'eau ,avec la deuxième bouteille d'eau je m'arrose à travers mon casque sur le visage et les bras je prends aussi des bares Cliff et de la banane pour ne pas avoir mal à l'estomac durant le marathon .Plus le temps passe à vélo , et plus j'ai l'impression que le vent est fort. Je m'étais préparé à un vélo roulant et très chaud mais pas du tout à cette épreuve de force.
Malheureusement le retour sera intégralement vent de face du 110 ou 180eme km une horreur ! Au 130e km je me demande si mes freins ne touchent pas ma roue, tellement c'est dur et les sensations pourries . J'ai presque envie de m'arrêter pour vérifier ! Les toboggans du retour sont très difficiles : dans les descentes je suis à 25 km/H max .Le vent s'est encore renforcé . Il y a des rafales dangereuses. La fin est un vrai calvaire. La chaleur se fait de plus en plus ressentir. Je n'ose même plus regarder la moyenne sur mon compteur vélo. Cela me fait peur.
Fin du vélo :je suis cuite et j'ai l'impression d'avoir dépensé beaucoup d'énergie pour rien ......je n'ose même plus regarder mon compteur.
7H08 ...moins de 26 km/h de moyenne. Pratiquement 1 heure de plus que sur l'Ironman de Nice.
Commence pour moi la partie normalement la plus dure, le marathon: mais ici tout est à l'envers , je n'ai pas fait un vélo à ma hauteur : je suis très entamée mentalement mais moins physiquement. je fais une transition longue sous la tente. Toujours les bénévoles adorables qui nous tendent des serviettes humides et aromatisées . Quel bonheur !
Je pars, il fait très chaud première partie sur Alii drive je retrouve Eric,Marine,et Florent puis papa et Léo avec un immense drapeau français. Je mets des glaçons dans ma casquette ,prend beaucoup d'eau . C'est très dur et dans ma tête c'est compliqué .J'ai conscience d'avoir "raté "mon vélo. C'est très difficile. Donc il faut finir du mieux que je peux ! Je me motive comme je peux . Les Américains sur le bord encouragent "looking good " .Finalement je cours pas si mal que ça ! Je suis à 10 kM/h et les sensations sont plutôt bonnes ,bien meilleures qu'en vélo. Finalement , j'ai doublé 100 concurrents durant ce marathon ! Historique pour moi...
Petit à petit le soleil se couche il fait donc moins chaud . J'atteinds Energy Lab .L'ambiance est très particulière. Retour sur Queen K : là c'est interminable. Grâce au sel pas de crampes.
Il fait vraiment nuit (à cause des observatoires du Mauna Kea pas de lampadaire).Je rentre sur Kona. Il y a beaucoup de monde sur le côté. Je vois ma famille et Hélène . La ligne d'arrivée . Le bruit , les clameurs, la médaille, »you are an Ironman » de Mike Reilley ,la serviette sur les épaules, bénévoles « are you OK ? Yes, yes, en pleurant » émotions intenses et un bonheur immense.
Fracassée ,mais heureuse. Je titube vers le ravitaillement, Eric me retrouve , il a réussi à rentrer ! Et je lui raconte mon calvaire à vélo.
C'est l'Ironman le plus dur que j'ai fait ! .Mais quel joie de franchir la ligne d'arrivée.Je pense qu'il est impossible de « performer » sans l'avoir fait auparavant. Je n'ai pas su gérer et m'adapter au vent frontal et au vent de côté . En fait, Je ne m'attendais pas à ça. De plus, le bidon sur le cintre avec la paille est INDISPENSABLE à Kona.
Toute cette année 2016 j'ai pensé à l'Ironman d'Hawaii : immense fierté de m'être qualifiée et immense joie d'y participer.Ce n'est toutefois pas un aboutissement final : je rêve d'un million de projets encore notamment celui de revenir ….un jour.... peut-être avec mon petit cousin Constant ? . Je dois digérer les émotions , les analyses se faire, avant de réfléchir à de nouveaux projets pour le futur.
J'ai un sentiment mêlé de joie et de frustration à cause de la partie vélo. J'étais là pour apprendre cette année et j’aimerais revenir pour faire une course au niveau de mon potentiel.Je finis 33e de ma catégorie et 6eme européenne .
Merci à Hélène pour la magnifique tenue KIWAMI
Merci à Romain Battaut pour ses supers entraînements natation et son dévouement.
Merci à Christophe d'Intersport Idron de s'être occupé de mon vélo et de m'avoir prêté sa valise vélo pour le voyage en avion.
Merci à Marie Ferbos pour le prêt de la swimfast.
Un grand merci à Éric mon mari qui me soutient au quotidien.
Merci à ma fille Marine, ma plus belle réussite et Florent son compagnon .
Merci au bureau et à tous les membres du Billère Athletic Triathlon pour leur chaleur et leur présence à mes côtés durant les entraînements et les compèts.
Et enfin Merci à mon papa que j'aime et qui m'a soutenu jusqu'au bout de mon rêve,sans faille.Merci papa.
« There is no elevator to success. You have to take the stairs. »
Marianne SUTRA